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  Groupe de Recherche Européen Pour l'Archéologie au Levant                          ENGLISH

 

 
 

The Fort Cemetery at Hierakonpolis


 

Barbara Adams,The Fort Cemetery at Hierakonpolis, KPI, 1987.

 

 

En 1898, les travaux de J. E. Quibell et F. W. Green sur le temple de Hiérakonpolis révèlent dans une cachette des objets confectionnés pendant les deux premières dynasties, comprenant la palette de Narmer, la massue du roi Scorpion et deux statues en pierre du roi Khasekhemoui. En 1899, des fouilles sont engagées sur un autre secteur situé au sud-est du temple (actuellement référencé « HK 33 ») et révèlent la fameuse structure en briques aux murs revêtus de peintures typiques de l’époque de Naqada IIc. Ces découvertes spectaculaires suscitent aussi d’autres fouilles sur le site : celles de l’Université de Liverpool conduites par John Garstang en 1905 sur le temple en briques de Hiérakonpolis. Entre le 16 janvier et le 11 février 1905, environ 188 tombes datant du IVe millénaire av. J.-C. sont mises au jour à l’intérieur de l’enceinte même du temple. Malgré la promptitude des fouilles, l’enregistrement des données est assez précis. Ce cimetière pré- et protodynastique (actuellement référencé « HK 27 ») a seulement fait l’objet d’une courte notice archéologique publiée en 1907 (Garstang, 1907, ASAE VIII, pp 136-7) puis fut oublié.

En 1987, soit plus de 80 ans plus tard, Barbara Adams étudie les notes manuscrites de Garstang conservées au musée de Liverpool et décide de les publier. Elle tente d’y intégrer une chronologie relative des tombes en suivant les systèmes des Sequence Dates de F. Petrie (1921 et 1953) et Stufen de W. Kaiser (1957). Une liste du mobilier archéologique en annexe montre que celui-ci est fort dispersé puisqu’il réside aujourd’hui dans au moins 18 musées anglo-saxons (dont certains en Australie et en Nouvelle-Zélande). Barbara Adams note que la plupart des tombes datent de l’époque de Naqada IIIa2-IIIb. Une phase ancienne, datant essentiellement de l’époque de Naqada IIc-d, est aussi attestée. Le plan de la nécropole indique la répartition des tombes : les plus anciennes se trouvent au nord-est et les plus récentes au centre et au nord-ouest du cimetière.

Les « grave records » de Garstang comprennent à chaque fois un croquis de la tombe, un dessin sommaire du mobilier et très souvent une photo de la tombe avec le matériel en place. Les dimensions des tombes, la situation de celles-ci sur le cimetière (dont un plan général a été levé), l’orientation des défunts (la tête au sud et le visage tourné à l’ouest comme dans d’autres cimetières de Haute-Egypte) et le sexe (selon les méthodes de l’époque) sont en général indiqués. La détermination des types de vases suivant le système mis au point par Petrie est par contre très inégale. Une fois sur deux, Garstang hésite quant aux types de poteries auquel il est confronté et les désigne souvent par un point d’interrogation, ce qui pose d’énormes problèmes pour toute tentative de chronologie relative. Barbara Adams n’a pu étudier l’ensemble des vases dispersés dans les musées et ne donne donc pas d’information nouvelle sur les types des poteries issues des fouilles de Garstang.
 

Photographie de J. Garstang de la tombe 32 (H-30).

Fiche descriptive de J. Garstang de cette même tombe 32 (H-30).

 

La chronologie proposée, non-argumentée, demeure malheureusement imprécise. Barbara Adams donne la plupart du temps une séquence très large. C’est surtout le cas pour les tombes les plus récentes, souvent datées dans une vaste période « Naqada IIIa2-IIIb-Dynasty I » - qui couvre environ 300 ou 400 années - alors qu’il serait possible d’être plus précis. La tombe 141, par exemple, contient notamment cinq vases Wavy-Handled du type W 85, ce qui indique une chronologie relative dans la période de Naqada IIIb. Pour les tombes les plus anciennes, les résultats de chronologie relative sont souvent erronés. La tombe 32 est par exemple placée dans l’époque de Naqada IId, alors que le mobilier (en particulier, un vase de la classe Wavy Handled du type W 3) date sans ambigüité de l’époque de Naqada IIc. Cette macro-chronologie semble aussi ignorer l’implantation des tombes dans la nécropole (stratigraphie horizontale) alors que l’on dispose d’un plan précis. Mais il est possible que Barbara Adams ait été déroutée par les dessins des vases proposés par John Garstang, indistincts ou chancelants, qui rendent particulièrement complexe l’identification des types céramiques, et donc toute tentative de chronologie relative fine.

Malgré quelques imperfections, cette publication est un outil nécessaire et indispensable : elle représente une étape importante dans la publication des fouilles anciennes de Hiérakonpolis. En l’état, les archives papier sont malheureusement en grande partie inutilisables ; les résultats des fouilles de John Garstang ne peuvent être intégrés pour l’instant dans aucun système de chronologie relative des cimetières égyptiens. Cette publication fait donc entrevoir la nécessité d’examiner toutes les céramiques exhumées par John Garstang et son équipe, par une tournée des différents musées où sont conservées les archives du « Fort Cemetery » de Hiérakonpolis. Ce travail permettrait de déterminer précisément les types de poterie des tombes, à la condition que le mobilier soit clairement référencé dans les musées ou ait conservé la numérotation faite sur le terrain. La publication de Barbara Adams appelle donc une continuité et laisse la possibilité, à terme, de réintégrer pleinement le « Fort Cemetery » dans les chronologies de Haute-Égypte.


Luc Watrin, Avril 2008.

 

Couverture de l'ouvrage de Barbara Adams

 

 

Plan du Fort Cemetery, d'après l'ouvrage de B. A.

 

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